1. En Angleterre

Tous les groupes de chasse sont en Europe de l’Ouest, sauf ceux qui sont renvoyés au repos. Seuls, les bombardiers stratégiques opèrent à partir de l’Angleterre.

Les GB 2/23 « Guyenne » et GB 1/25 « Tunisie » effectuent de juin 1944 à avril 1945, 2467 sorties larguant 9438 tonnes de bombes et perdant la moitié de leur équipage. Ils seront équipés successivement de Halifax V, III et VI.

 

2. Au Moyen-Orient

Le GB 1/17 « Picardie » de Damas, dispose en avril 1945, de trois escadrilles : Une avec quatre Potez 25, une avec sept Blenheim IV et une avec huit Baltimore. Son statut de groupe territorial attaché à une base fixe le rend incapable de se déplacer. Le commandement de l’Armée de l’Air souhaitant lui donner un statut de groupe opérationnel pour l’engager en Europe se voit refuser de la part des britanniques tout support logistique. L’état major voit là un indice supplémentaire de la politique anglaise d’évincer les Français du Moyen-Orient. Le groupe intervient le 8 mai 1945 pour attaquer une insurrection syrienne dans la région de Damas jusqu’à l’intervention des britanniques qui mettent fin aux hostilités.

 

3. En Afrique du Nord

En janvier 1945, la base de Meknès abrite quatre escadrilles d’instruction du centre d’instruction de la chasse (CIC) et trois escadrilles du centre de perfectionnement de chasse ((CPC). Le CIC vole sur des D520, H75A, P40, Hurricane, A24 et des BT13. Le CPC, lui vole sur des P39, P47 et Spitfire MkV.

Une instruction ministérielle du 13 février 1945 décide de créer à Sidi Ahmed près de Bizerte en Tunisie, l’escadrille de police et de sécurité 1/81 avec un effectif de 35 navigants et 33 mécaniciens. L’unité commence à être mise sur pied à partir du 1e mars mais une partie des navigants rejoint, à Cazaux, le GB 1/31 « Aunis », pour aider à réduire la poche allemande de Royan.

 

Création de la 5ème escadre de chasse :

Le GC1/9 « Limousin » est créé à Meknès, le 1er décembre 1944, avec les cadres du CIC local. Il est une sorte de OTU à la Française, chargé de former les jeunes pilotes avant de les envoyer combattre en France. 

Le GC 2/9 « Auvergne » termine son instruction à la Reghaia et en mars 1945 part pour la France.

Le GC 2/6 « Patrie » termine son instruction à la Reghaia et en janvier 1945 part pour la France.

 

4. Dans le secteur Atlantique en France

Le mois de janvier est plutôt calme pour les forces aériennes de l’atlantique pour plusieurs raisons : D’abord l’offensive allemande dans les Ardennes a fait repousser les attaques prévues des poches de résistance, puis les troupes FFI très motivées, mais mal équipées et ne disposant pas de l’entraînement des troupes régulières qui leur permettrait de combattre un ennemi acharné, les conditions météo qui imposent un plafond inférieur à 3000 m et le mauvais état du matériel. La maintenance des Dauntless est rendue d’autant plus difficile qu’elle doit se faire à l’extérieur, manquant de pièces détachées et de personnel spécialisé. De plus le stockage des bombes à l’extérieur nuit à leur fiabilité.

En janvier 1945, le GB 1/34 « Béarn » est retiré du front pour se transformer sur B26 et cède ses DB7 au GB 1/31 « Aunis ».

En février, le mauvais temps et le retard de l’arrivée des avions de remplacement limitent encore le nombre de missions. Un JU88 du GB1/31, en reconnaissance, est abattu par la Flak. Le mois de mars est encore plus calme car le stock de munitions n’est pas renouvelé, à cause des grands besoins sur le front de l’Est. Par contre le mois d’avril se verra comme le mois le plus intense. Devant l’évolution heureuse des combats à l’Est, l’attaque terrestre est fixée au 15 avril et de nombreux objectifs sont bombardés avant l’attaque. Egalement une nouvelle activité démarre : L’arraisonnement de bateaux en partance pour l’Espagne. Ce travail sera repris au cours du mois par les Latécoères 298 la 2S qui viennent d’arriver à Hourtin.

Le 16 avril, Royan est libéré et les allemands se replient vers la pointe de la Coubre en un dernier réduit qui devient la cible principale de toute l’aviation du coin. Les Dauntless des flottilles 3F et 4F, les JU88 du GB 1/31 et les P47 de la 3ème escadre de chasse.

Le GB 1/31 « Aunis », opérant avec un mélange de JU88A, GM167F et DB7, se distingue par une intense activité au-dessus de la pointe de Grave en effectuant plus de 80 sorties la plupart depuis le terrain de Cazaux. L’He 111 de son chef, le commandant Dor, est utilisé uniquement par lui-même, pour des missions de liaison dans la région du sud-ouest et le Bourget.

Le GC 2/8 « Saintonge » reçoit 22 Spitfires en janvier. Après une période d’entraînement de quelques mois il participe aux liquidations des poches de résistance. 3 pilotes sont tués au cours de plus de 400 sorties effectuées entre fin mars et le 8 mai 1945.

 

5. Dans le secteur Sud-Est en France

Remise en service de l’atelier hydravion à Toulon

Grâce au matériel récupéré par le repli des allemands et la remise en service de l’Atelier Hydravion de Toulon, l’Aéronavale réussit à créer, le 1e avril 1945, une 2e escadrille sur Laté 298, baptisé 3S, basé à Saint-Mandrier. Quant à la 2S, quatre de ses Laté sont détachés à Hourtin, le 10 avril, pour appuyer les opérations contre les poches allemandes de l’Atlantique. 2 chalutiers sont ainsi arraisonnés.

La 9F Tr est une unité disparate qui se composait en janvier 1945 de deux hydravions Do24 livrés par la SNCAN de Sartrouville, du Laté611 « Achernar » de la défunte 4E de Dakar, du Bréguet « Bizerte » et du Bréguet 730 « Vega ». Cette escadrille assure principalement une liaison courrier hebdomadaire Toulon-Arzew (Algérie).

Anecdote sur le Bréguet Bizerte

Après le départ des allemands un seul Bréguet « Bizerte » demeure disponible en France. Il arrive, fin juillet 1944, à l’usine SNCAN de Caudebec en Normandie, avec son équipage allemand pour y subir des réparations. Cette usine assure également la révision des Do24 de la Luftwaffe. Alors que les Canadiens étaient sur le point de libérer la ville, il échappe, de peu, à un incendie des ateliers propagés par les troupes allemandes en retraite, grâce à l’intervention courageuse de plusieurs ouvriers français de l’usine qui l’éloignent des flammes. Après révision et peinture des bandes blanches de reconnaissance il est convoyé directement le 26 octobre à Saint- Mandrier pour être affecté à la 9ème flottille de transport en cours de formation.

 

Soutien aérien de l’armée des Alpes

Basé près de Salon de Provence, le GC 2/9 « Auvergne » effectue ses premières missions de destruction de dépôts de munition et de moyens de transport, au-dessus de l’Italie du Nord. De façon générale, la météo gêne souvent ce travail tant localement qu’au passage des Alpes déjà fort tangent pour les P39 surchargés dont les arbres de transmission vibrent tant et plus. Du 22 au 24 avril 1945, affecté au support de l’avance de l’armée des Alpes, le groupe se distingue en maintes occasions. Il met à mal le Fort de Roche Louise et un autre PC au col de Larche. Au 30 avril, jour de capitulation des allemands d’Italie, le groupe a effectué 80 missions et largué 32 tonnes de bombes.

Basé près de Salon de Provence le GC 2/6 « Patrie » effectue ses premières missions d’attaque au sol au-dessus de l’Italie du Nord. Le groupe déménage près de Nice et continue son soutien aux troupes qui libèrent les Alpes Maritimes.

 

6. Dans le secteur Nord-Est en France

Les combats terrestres de la 1e armée française, du général De Lattre de Tassigny, font rage autour de Strasbourg et de Colmar au début de 1945. Victorieuse, la 1e armée traverse le Rhin, le 29 mars, et enfonce la ligne Siegfried. Elle progresse en territoire ennemi, en prenant Karlsruhe et Ulm, jusqu’à la capitulation de l’Allemagne.

Soutien aérien de la 1e armée

Le GC 2/2 « Berry » participe à la bataille entre la Meuse et le Rhin où 9 avions sont abattus. Le groupe aura effectué 3316 sorties.

Le GC 3/2 « Alsace » est rappelé en Ecosse à la fin du mois de janvier 1945 après 21 mois de guerre sans interruption pour goûter un repos bien mérité. Le 15 mars il revient au front et effectue des missions de mitraillage et de bombardement en piqué sur l’Allemagne. La Flak prélève encore un lourd tribut avec 8 pilotes abattus. Depuis sa création, le groupe a totalisé 10500 heures de vol, remporté 50 victoires et perdu 33 pilotes.

Le GC 4/2 « Ile de France » revient en première ligne en février 1945 en remplacement de l’Alsace qui ne lui laisse que les carcasses de ses Spitfires détruit par un V2. Le groupe reçoit alors ses Spitfires Mk IX avec verrière en goutte d’eau et des Mk XVI. Il est engagé dans un secteur entre la Meuse et le Rhin afin d’empêcher la retraite des armées allemandes. Le 8 mai 1945 le groupe se trouve en Allemagne à Drope.

Le GC 1/3 « Corse » rejoint le 15 février 1945 le giron de la 1ère escadre française. Le 24 avril, au cours d’un sweep, le S/lieutenant Suisse revendique la dernière victoire française de la 2ème Guerre Mondiale.

Le GC 2/3 « Dauphiné » termine la guerre à Colmar avec 3564 sorties en 6348 heures de vol remportant deux victoires pour cinq tués.

Le GC 3/3 « Ardennes » est transféré à Luxeuil et effectue des missions au-dessus de l’Allemagne à partir de mars 1945. A la fin des hostilités le groupe aura fourni 2275 sorites.

Le GC 3/6 « Roussillon » continue ses missions dans le midi jusqu’en mars puis est affecté à la 3e escadre et rejoint Luxeuil. Il effectue alors de nombreuses missions de support pour la 1e armée. Le 13 avril, dernier mouvement vers Bordeaux pour participer à la réduction des poches de l’Atlantique. Les marins du groupe retrouvent le GAN2 (Flottilles 3FB et 4FB) où servent beaucoup d’anciens de la 1F.

 

Création du CATac à Luxeuil

Les alliés, ayant admis la constitution d’un Tactical Air Command français du nom de 1er Corps Aérien Tactique (CATac), vont équiper deux groupes de reconnaissance, l’un photographique (PRS) et l’autre tactique (TRS).

C’est ainsi que, le 1er janvier 1945, la 1ère escadrille du GR 2/33 devient le GR 1/33 « Belfort » et la 2ème escadrille restant le GR 2/33 « Savoie ».

Le GR 1/33 doit être rééquipé de versions récentes du Lightning (F-5F et G) mais celles-ci ne sont pas disponibles en Europe et le groupe devra attendre de long mois avant de les percevoir. En revanche pour remplacer les Spitfires du 2/33, des P51 « Mustang » de reconnaissance photographiques sont disponibles dans les dépôts en Grande-Bretagne et peuvent être livrés rapidement. 26 avions sont livrés, de type B, C, D et K. Leur arrivée à Luxeuil va compliquer singulièrement le travail de l’équipe technique dans des conditions climatiques très dures. Il lui faut en effet, entretenir et réparer les Spitfires pour les missions (et ce, jusqu’à fin février) maintenir les trois « mustang » pour l’entraînement et réviser les « Mustang » à mesure de leur arrivée. Au début mars, il n’y a plus aucun Spitfire et le GR 2/33 aligne désormais 18 « Mustang », un MS500 « Criquet » et un piper L-4 cub. Le groupe effectue un grand nombre de reconnaissance au profit de la 1ère armée.

 

7. Activités à partir de la Hollande

Le GC 1/2 « Cigognes » s’est déplacé près d’Anvers où il participe au mitraillage de 40 péniches allemandes au Havre, subit deux attaques de V2 puis une de la chasse allemande. De retour en Angleterre en mars 1945, il reçoit des Spitfires IXE des groupes « Alsace » et « Berry » et peut estimer qu’il n’a pas été vraiment gâté par la RAF pour son rééquipement. Le 8 mai 1945, le groupe se trouve au repos, dans les Orcades en Ecosse, et a effectué 3220 sorties.

Le GB 1/20 « Lorraine » est engagé, de jour comme de nuit, dans toutes les opérations majeures. Le groupe est alors transformé en quelques jours, au début d’avril 1945, à Vitry le François, sur un bombardier plus gros : le B25 Mitchell. Le groupe déménage, le 22 avril, à Glize Reigen en Hollande.

 

8 . La 3e campagne en Union Soviétique

La 3e campagne débute avec trois escadrilles, 35 pilotes et le commandant Delfino pour nouveau patron. A la mi-janvier, la reprise de l’offensive russe en Prusse orientale engrange les 73 dernières victoires contre une « Luftwaffe » combattant avec l’énergie du désespoir.

Ironie de la guerre : La dernière victoire, le 9 avril 1945 revient à l’aspirant Henri, qui est tué par un obus d’artillerie alors qu’il raconte son combat quelques instants après son atterrissage.

Le 14 juin après un triomphe à Moscou c’est le retour en France avec les 40 Yaks offerts par les Russes.

Bilan :

31 mois de séjour en URSS, 5240 missions, 869 combats aériens, 273 victoires chèrement acquises, 45 pilotes tués : il n’en fallait pas tant pour que l’histoire du régiment « Normandie-Niemen », aujourd’hui seul escadron de chasse de l’armée de l’air à posséder un drapeau, demeure à jamais, une des plus belles et des plus dures pages de notre aviation militaire.

 

9. La renaissance d’AIR France et du GLAM

  • Le réseau des Lignes Aériennes Française (RLAF) est créé le 9 février 1945 et marque la renaissance d’Air France.
  • Dans le même temps, le groupement des liaisons Aériennes Ministérielles est reformé (GLAM).

L’armée de l’air crée trois nouveaux groupes de transport

GT 1/5 « Touraine » : Dès la libération et devant l’ampleur des taches qui attendent les unités de transport chargées du rapatriement des prisonniers d’Allemagne, le groupe est réorganisé et rééquipé en Dakota C47 « Dakota ». Le 15 décembre 1944, le groupe s’installe à Valence avant de rejoindre Orléans-Bricy dès la fin de la guerre.

GT 3/15 « Maine » : Le GT 3/15 est recrée au début de 1945 au Bourget avec un petit noyau de personnel. Il faudra deux mois et demi pour le rendre opérationnel avec du personnel venant de tous les horizons. Côté matériel, il doit être composé d’une escadrille lourde sur AAC-1 (Junkers 52 fabriqués dans les usines françaises) et d’une escadrille sanitaire sur Caudron « goéland » et sur MS500 (Fieseler storch). Après un entraînement au mois de Mars, des rotations de transport de matériel et retour de prisonniers français commence. Un « pool » est créé, en regroupant les avions du GT, de la SLEMA (section de liaison de l’état-major de l’air) et la DTA, et vient renforcer le dispositif pour des transport en métropole et en AFN.

GT 4/15 « Poitou » : Le GT 4/15 « Poitou » est créé, le 10 Mai 1945, sur la base aérienne de Lyon. Il est mis initialement sur pied avec la totalité du personnel du groupe 1/36. Il est équipé provisoirement par les Beechcraft du 3/15 en attendant la livraison des C47 « Dakota ».

 

Bibliographie

  • Les Ailes Françaises : N° 12 Le transport aérien 2ème partie (1940-1945)
  • Forces Françaises Libres : tome 1 (combats de l’espoir) éditions Heimdal
  • Le Fana de l’Aviation : Hors-Série 10 : Les Forces Aériennes Françaises Libres
  • Le Fana de l’Aviation : Hors-Série 15 : L’Honneur des Ailes françaises
  • Le Fana de l’Aviation : Hors-Série 39 : du sacrifice à la Victoire – Jean Veron
  • L’escadron de Transport Béarn : BA 721 Rochefort
  • Aero journal n°12 : la campagne de Tunisie
  • Wing Master n°1 : GB 1/33

 

 

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